29/05/2021
Le jardin des incroyables comestibles de Neuvecelle se transforme en jardin des simples. Mais de quoi s'agit-il ?
Un jardin des simples -en latin herbularius- est un lieu où l'on cultive des plantes aux vertus médicinales appelées également "simples". Pourquoi simples ? Par opposition aux remèdes complexes que proposait la médecine savante.
On ne cultivait pas dans les herbularius uniquement des simples (simplicis herbae), mais on les associait aux plantes aromatiques et aux condimentaires qui ont souvent une faculté curative. Par exemple la menthe contre les troubles de la digestion et pour parfumer la cuisine, le romarin, pour ses vertus stimulantes et pour aromatiser les viandes, la sauge officinale contre les problèmes digestifs et pour réhausser les plats, le thym pour éloigner les rhumes et composer les bouquets garnis, etc.
On a d'abord utilisé des espèces locales spontanées, puis des espèces venues d’Orient ou des Amériques se sont peu à peu acclimatées.
Les jardins des simples sont associés dans l’imaginaire collectif occidental aux jardins monastiques du Moyen Age. Les moines bénédictins se sont placés en gardiens d’un savoir millénaire, parce qu’ils ont traduit, copié et conservé les œuvres de référence en matière de phytothérapie : Aristote, Hippocrate, Dioscoride, Galien, Pline, etc.
Dans les monastères, le jardin des simples était complémentaire du verger (pomarius) et du potager (hortulus). Placé non loin de l’infirmerie, il était ordonné par espaces thématiques et géométriques, selon une symbolique censée rappeler le jardin d’Eden. Les références à la religion étaient omniprésentes : le buis symbolisant l'immortalité, une fontaine au centre du jardin symbole de la résurrection, les allées disposées en forme de croix, etc. Les Bénédictins de l’abbaye de Saint Gall (Suisse) ont dessiné le plan de ce jardin idéal au tout début du IXe siècle. A la même époque, Charlemagne promulgua le Capitulaire de Villis qui présente 88 plantes, recommandées pour se soigner, se nourrir, se vêtir. Deux siècles plus tard, la religieuse allemande Hildegarde de Bigen détaillera à son tour les vertus et les usages de plus de 300 plantes.
A partir du XIXe siècle les chimistes ont isolé des composants des plantes et les médicaments conçus en laboratoire se sont imposés. Avant cela, ce sont les plantes qui étaient les alliées de notre santé. Respectons-les, découvrons-les, nommons-les, admirons-les. Et à l’occasion dégustons-les, car en plus d’être thérapeutes elles savent aussi être gourmandes.
Bon cela dit, il ne s’agit pas de consommer n’importe quoi n’importe comment, cela va de soi.
A Neuvecelle le jardin des simples ne sera pas organisé en fonction des indications thérapeutiques des plantes comme cela était le cas dans les jardins monastiques. Mais en respectant les exigences de culture, afin de favoriser des associations vertueuses. Chaque espèce sera étiquetée et l’on y précisera ses bienfaits grâce à un code couleur. Nous vous détaillerons tout cela au fur et à mesure de l’avancée de l’aménagement du lieu.
Ce jardin laïc ambitionne avant tout être un bel endroit, pédagogique, adapté à son environnement et aucune plante toxique n’y sera plantée, bien entendu.
A bientôt donc dans votre jardin des simples, qui va se dessiner peu à peu au Parc du clair matin.
« Rien n’est moins simple que les simples » - Dr Henri Leclerc (Précis de Phytothérapie)